dimanche 25 octobre 2009

Une interview passionante !

"La rue arabe n'existe pas, mais la rue de l'islam, la rue de Dieu, existe "
Mohamed Kacimi, né en Algérie, pose un regard sans illusions sur le monde arabe et l'islam. Sur ces sociétés «profondément communautaires, tribales» où «la notion d'individu n'existe pas». Où l'intellectuel est constamment écarté, tant la soumission au texte religieux et le mépris de l'esprit y sont grands.
Interview par Jean-Luc ALLOUCHE QUOTIDIEN : Samedi 7 octobre 2006 - 06:00
* Caricaturons : quand on l'oublie, le monde arabo-musulman s'arrange pour faire parler de lui... Il suffit de citer les caricatures danoises, Benoît XVI, l'opéra Idoménée , Robert Redeker. Au fond, qu'a-t-il à reprocher à l'Occident ?
* Ce contentieux entre l'Occident et l'islam va au-delà des conflits de la colonisation, des croisades... Même les croisades, dont on a pu penser qu'elles ont constitué une rencontre, demeurent de l'ordre de la confrontation stérile : «Au fond, tout ça ne nous a rapporté que la culture de l'abricot...» pour citer Jean-Pierre Le Goff. C'est une généalogie de malentendus comme s'il n'y avait jamais eu d'espace de rencontres entre deux cultures, il faut le dire, souvent antagoniques. Ainsi de l'islam considéré, aujourd'hui, comme une religion austère, dans la négation du plaisir, alors que, dès le XVIIIe siècle, de Pierre Bayle à Voltaire, il est perçu comme une religion paillarde, charnelle, et du plaisir... Aujourd'hui, on ne peut nier que le monde arabo-musulman soit un monde malade. Malade des échecs de la décolonisation, des expériences socialistes avortées, de l'avènement de l'économie de libre marché souvent sauvage, avec les dénationalisations et privatisations instaurées de l'Algérie au Yémen. Un monde qui, en trente, quarante ans, a essayé plusieurs portes de sortie et qui échoue devant chacune d'entre elles. Et quand tout échoue ici-bas, l'eschatologie devient pour beaucoup l'unique ressource. A cela s'ajoute, bien sûr, depuis la première guerre du Golfe en passant par l'invasion de l'Irak et la dernière guerre entre le Hezbollah et Israël, les effets désastreux de la politique américaine. Du coup et par réaction, les Arabes se posent comme victimes innocentes de tous les malheurs qui affectent leurs sociétés, de la sécheresse au sida, tout est la faute de l'autre, l'Occident, l'Amérique ou Israël.
* Ils seraient donc par essence victimes ? D'où la récurrence des motifs «notre honneur», «notre dignité ». Comme si l'humiliation était la catégorie contemporaine de l'Arabe par opposition à ce qu'il a été comme guerrier.
* Comme dit Jacques Berque, dans une belle phrase : «L'Arabe n'attend qu'une seule chose de l'avenir, c'est qu'il lui restitue son passé.» Or l'Arabe reste responsable de l'image que lui renvoie l'Occident, image d'un monde arriéré, d'Etats dictatoriaux, de pays sans liberté de pensée ou d'expression. L'homme arabe se sent humilié, violé dans son ego par cette image, qui n'est certes pas celle de Grenade, de Cordoue ou de Damas : le drame est là, entre l'Arabe tel qu'il se rêve et tel qu'il est aujourd'hui.
* D'où, peut-être, le recours incessant au héros du jour, comme Nasrallah, chef du Hezbollah, (avec un nom plus que symbolique : «Victoire de Dieu»), parce qu'il en a remontré à la puissance du moment, Israël.
* Nasrallah fascine surtout à cause d'une grande maîtrise du verbe. Est Arabe, nous disent les dictionnaires arabes du IXe au XIVe siècle celui qui maîtrise la langue arabe et y excelle, fût-il d'origine étrangère et est étranger quiconque n'excelle pas dans cette langue, fût-il d'origine arabe. Le droit de la langue a précédé, en quelque sorte, le droit du sol et du sang chez les Arabes. On retrouve, dans le Coran, ce rapport obsessionnel à la langue. Alors que la Thora est dans le souci du sol, du geste quotidien, les évangiles dans la narration de la geste de Jésus, le coran est un livre clos sur lui-même qui n'a pas de relation au réel, à l'Histoire : c'est la langue qui parle de la langue... Le livre sacré fonctionne de bout en bout comme jouissance du verbe. Cette fascination pour la langue se porte aujourd'hui sur Nasrallah, qui, sur le plan de l'éloquence et du verbe, est remarquable.
* «Nous sommes victimes de notre amour pour notre propre langue» , affirmait un intellectuel arabe.
* Il y a en effet dans le langage coranique, dans la langue arabe, quelque chose de l'ordre de l'écran avec la réalité. L'islam fonctionne parce qu'il épargne à l'homme arabe le contact avec le monde réel. Il y a aussi l'immuabilité de cette langue. Aujourd'hui encore, les enfants apprennent par coeur les poèmes préislamiques du VIe siècle, et le dictionnaire qui fait référence reste le Lissane al Arabe («la langue des Arabes») qui remonte au XIVe siècle. C'est dire.
* Mais il y a eu des réformateurs dans l'islam. Pourquoi leur discours est-il désormais recouvert par le prêche et le slogan ?
* Sans évoquer les réformateurs du début du XXe siècle, le monde arabe a connu, dans les années 60, des mouvements de gauche aussi bien au Maghreb qu'au Proche-Orient : ils ont été pratiquement laminés par les pouvoirs en place. En Egypte, entre les communistes et les Frères musulmans, un Nasser ou un Sadate ont choisi les plus «proches», les Frères musulmans, et ils ont ainsi cassé toute pensée libre, tout mouvement social, toute laïcité. On le voit même en Tunisie, où le pouvoir fait de jour en jour des concessions aux islamistes. Le mot «laïcité» n'existe pas en arabe. Laïc signifie en arabe «athée» ou «opposé à la religion» ­ c'est une pensée impossible en islam actuellement. Laïc signifie également devenir comme l'Autre, c'est-à-dire l'Occident, l'antithèse même. Certains nous ressortent l'Andalousie, Maïmonide, Averroès... Mais ce petit arbre cache la misère et la faillite de la philosophie dans le monde arabe. Alors même qu'à partir du IXe siècle la première tentative des néoplatoniciens, les mutazilites, de concilier Islam et raison, est brisée et que se met en place la Charia avec ses quatre écoles juridiques (hanafite, malékite, chafiïte et hanbalite) qui vont verrouiller à jamais l'islam et réduire à néant toute tentative de spéculation ou de réflexion. La Charia, c'est le mimétisme aveugle, le respect de la lettre et le mépris de l'esprit. J'ai toujours pensé que l'intégrisme est une forme d'analphabétisme.
* Mais c'est un pouvoir politique qui met en place cette coupure...
* Et qui a partie liée avec les religieux. Au IXe siècle, la mise en place de la Charia scelle la mort de la philosophie mais marque aussi la naissance du soufisme qui deviendra l'ultime espace de transgression, de révolte et, souvent, de dérision du religieux.
* Est-il impossible qu'un esprit libre existe dans les sociétés arabes ?
* Ces sociétés sont profondément communautaires, tribales, et l'espace d'expression de l'individu n'y existe pas. La notion d'individu même n'existe pas encore dans ces sociétés, où seul le «nous» compte. J'irais plus loin : la notion de doute n'y est pas de mise. Je pense à Renan qui, au-delà de ses excès, disait, et je cite de mémoire, qu'est-ce qu'un musulman, c'est quelqu'un qui ne doute jamais. Un esprit libre suppose un esprit critique, et ces sociétés ébranlées en tout n'attendent pas des esprits qui les remettent en question, mais des esprits qui les confortent dans leurs convictions.
* De héros en héros, l'un chassant l'autre, quand les Arabes cesseront-ils de chercher le père mythique ?
* Je ne sais pas. Il y a un concept qui me fait rire, celui de «rue arabe», pur fantasme occidental. Parce que les Arabes, les musulmans campent dans un autre territoire, celui de l'au-delà. Quand Beyrouth est sous les bombes israéliennes, les manifestants sont à Tel-Aviv, non à Alger ou à Marrakech, et nulle part dans le monde arabe. L'Arabe ne réagit pas aux atteintes à son vécu, il se soucie peu de vivre dans des sociétés toutes dictatoriales, qui seront, dans dix ans, des républiques héréditaires. Des milliers de morts en Irak, en Palestine ou au Liban ne suscitent pas un seul murmure dans cette «rue arabe», mais il suffit d'une caricature ou d'un propos malheureux du pape sur le Prophète pour faire descendre des millions de personnes dans la rue, prêtes à mourir. Quand on voit l'appareil mis en place par Al-Jezira dans l'affaire du pape, on se rend compte que c'est là qu'est l'opinion, et non chez les imams et les prêcheurs. Quand on montre en boucle l'image d'un gamin palestinien abattu par un soldat israélien, on peut être sûr que cela recrute cent ou mille islamistes par jour. Leur présentatrice vedette met-elle un jour le voile ? Aussitôt, 300 000 filles font de même. C'est une télévision très islamiste. Mais sous des dehors très démocratiques car elle a rendu lisible l'ennemi historique, Israël, qui était dans les limbes, en émettant depuis son territoire, en interviewant ses officiels et en faisant des revues de sa presse. Et, en même temps, Al-Jezira est devenu le minbar (la chaire de prédication) du monde arabe, voire l'institut de formation mondial des islamistes. La rue arabe n'existe pas, mais la rue de l'islam, la rue de Dieu, elle, existe, à travers la oumma virtuelle du Web. Et ces hommes ne se sacrifient pas pour défendre leur vie, mais pour défendre leur mythologie.
* Combien de fois n'entend-on pas au Proche-Orient : «Les juifs vont perdre parce qu'ils aiment trop la vie, nous, on va vaincre parce que nous n'avons pas peur de la mort» ? Il y a une étrange grandeur là-dedans, mais, en même temps, ce mépris de la mort...
* En islam les limites symboliques entre la vie et la mort sont ténues. On dit de la mort, «c'est la pièce d'à côté». Il existe une grande proximité, si ce n'est une intimité, entre la vie ici-bas et l'au-delà. Il est interdit, dans l'islam, de clôturer les cimetières pour qu'il n'y ait pas de barrière physique entre les vivants et les morts... Aujourd'hui, cette crise, cette «maladie» de l'islam réduit davantage la frontière entre les deux mondes. Au début du phénomène des kamikazes, les soldats israéliens retrouvaient certains d'entre eux avec le pubis rasé et le sexe bandé avec du musc et de l'ambre : ils étaient déjà de «l'autre côté». Ce que, nous, nous appelons «mort» est, pour eux, une forme de jouissance. Ce que nous percevons comme une explosion insoutenable est en fait un mariage céleste. Ce qui est tragique dans ce monde-là, c'est que progressivement on a privé la jeunesse de tout rêve de parole, de désir, d'amour, de liberté, pour ne lui laisser qu'une seule issue possible, une seule issue de secours : celle de la mort.
* La femme, convoitée et interdite à la fois : l'un des noeuds de cette crise ?
* Il se situe essentiellement autour de la femme et de la sexualité. Avec l'obsession de «l'honneur», du regard des autres sur «nos» femmes. Dans le langage des religieux, la femme est qualifiée de «Aouara», c'est-à-dire de «honte». Pour dire cette obsession, il faut souligner que la plupart des titres islamistes que l'on vend dans les rues du Caire ou de Rabat portent essentiellement là-dessus, on y trouve comment punir sa femme, comment maîtriser la créature de Satan, comment contrôler ses instincts, etc. Je suis interloqué d'entendre évoquer «la volupté du monde arabe», les Mille et Nuits, à chaque fois qu'il y a une crise ; de voir ces quelques penseurs qui nous ressortent les «délices» d'une civilisation qui a produit les harems, et le hammam, et «l'Orient». Ce n'est pas parce que quelques figures ont traversé quinze siècles d'obscurantisme, à cause de quelques moments privilégiés à Bagdad, Damas ou Cordoue, qu'on peut occulter ou, pis, magnifier toute cette histoire de lente décadence qui mène l'homme, aujourd'hui, à ce culte de la mort et à ce déni de l'amour. Tout comme il fonctionne sur une foi aveugle dans les textes, l'islamisme peut-être également perçu comme l'émanation et l'expression d'une profonde misère sexuelle collective. La femme réelle est voilée, occultée, interdite, déclarée par la plupart des pays comme mineure pour mieux exalter les «vierges du Paradis». Comme si tout ce qui est vivant faisait de l'ombre à Allah !
* Comment des intellectuels arabes parlent-ils à «leur» communauté et ont-ils prise sur elle ?
* Toute l'histoire de l'islam et du monde arabe est l'histoire de la mise à l'écart, si ce n'est de la mise à mort des intellectuels. Depuis la décapitation de l'inventeur de la prose, Ibn Al Muqaffa, au VIIIe siècle, en passant par le martyre de Hallaj au IXe siècle, jusqu'à l'assassinat de Farag Foda ou de Gibran ou de Samir Kassir. Tout intellectuel qui ne parle pas au nom du Prince ou, mieux, de Dieu est suspect. Quiconque dit à la communauté, non pas ses rêves et ses fantasmes, mais ses vérités est taxé ipso facto de «mécréant» et de «traître». Pour dire cette misère de l'intellect, il suffit de rappeler que les funérailles de Naguib Mahfouz n'ont réuni que deux cents personnes, alors qu'un prêche de n'importe quel obscur imam draine des milliers de gens.
* Vous et vos pairs prêchez donc dans le désert ?
* Sans doute par amour du désert ! Nous ne parlons qu'à nous-mêmes et nous n'espérons même pas qu'une voix monte de ce désert.

Mohamed Kacimi est né en 1955 à El Hamel (Algérie) dans une famille de théologiens. En 1987, il publie son premier roman, le Mouchoir (l'Harmattan). Puis, avec Chantal Dagron, Arabe, vous avez dit arabe ? (Balland). Passionné par la Bible, il écrit, toujours avec Chantal Dagron, un essai sur l'imaginaire religieux, Naissance du désert (Balland) puis le Jour dernier, (Stock). Mohamed Kacimi a écrit aussi pour le théâtre : 1962, évocation des utopies et des rêves de l'enfance algérienne, la Confession d'Abraham (Gallimard, 2000). Pour la Comédie-Française, il conçoit Présences de Kateb et l'adaptation de Nedjma de Kateb Yacine. Dernier ouvrage paru : Terre sainte, (l'Avant Scène, 2006). Il est en outre président de l'association d'auteurs Ecritures vagabondes.

vendredi 23 octobre 2009

Et qu'est-ce que dans le monde on ne corrompt point tous les jours? Il n'y a chose si innocente où les hommes ne puissent porter du crime, point d'art si salutaire dont ils ne soient capables de renverser les intentions, rien de si bon en soi qu'ils ne puissent tourner à de mauvais usages. La médecine est un art profitable, et chacun la révère comme une des plus excellentes choses que nous ayons; et cependant il y a eu des temps où elle s'est rendue odieuse, et souvent on en a fait un art d'empoisonner les hommes. La philosophie est un présent du Ciel; elle nous a été donnée pour porter nos esprits à la connaissance d'un Dieu par la contemplation des merveilles de la nature; et pourtant on n'ignore pas que souvent on l'a détournée de son emploi, et qu'on l'a occupée publiquement à soutenir l'impiété. Les choses même les plus saintes ne sont point à couvert de la corruption des hommes; et nous voyons des scélérats qui, tous les jours, abusent de la piété, et la font servir méchamment aux crimes les plus grands. Mais on ne laisse pas pour cela de faire les distinctions qu'il est besoin de faire. On n'enveloppe point dans une fausse conséquence la bonté des choses que l'on corrompt, avec la malice des corrupteurs. On sépare toujours le mauvais usage d'avec l'intention de l'art; et comme on ne s'avise point de défendre la médecine pour avoir été bannie de Rome, ni la philosophie pour avoir été condamnée publiquement dans Athènes, on ne doit point aussi vouloir interdire la comédie pour avoir été censurée en de certains temps. Cette censure a eu ses raisons, qui ne subsistent point ici. Elle s'est renfermée dans ce qu'elle a pu voir; et nous ne devons point la tirer des bornes qu'elle s'est données, l'étendre plus loin qu'il ne faut, et lui faire embrasser l'innocent avec le coupable. La comédie qu'elle a eu dessein d'attaquer n'est point du tout la comédie que nous voulons défendre. Il se faut bien garder de confondre celle-là avec celle-ci. Ce sont deux personnes de qui les mœurs sont tout à fait opposées. Elles n'ont aucun rapport l'une avec l'autre que la ressemblance du nom; et ce serait une injustice épouvantable que de vouloir condamner Olympe, qui est femme de bien, parce qu'il y a eu une Olympe qui a été une débauchée. De semblables arrêts, sans doute, feraient un grand désordre dans le monde. Il n'y aurait rien par-là qui ne fût condamné; et, puisque l'on ne garde point cette rigueur à tant de choses dont on abuse tous les jours, on doit bien faire la même grâce à la comédie, et approuver les pièces de théâtre où l'on verra régner l'instruction et l'honnêteté.

mardi 20 octobre 2009

Et, en effet, puisqu'on doit discourir des choses et non pas des mots, et que la plupart des contrariétés viennent de ne se pas entendre et d'envelopper dans un même mot des choses opposées, il ne faut qu'ôter le voile de l'équivoque, et regarder ce qu'est la comédie en soi, pour voir si elle est condamnable. On connaîtra sans doute que, n'étant autre chose qu'un poème ingénieux, qui, par des leçons agréables, reprend les défauts des hommes, on ne saurait la censurer sans injustice; et, si nous voulons ouir là-dessus le témoignage de l'antiquité, elle nous dira que ses plus célèbres philosophes ont donné des louanges à la comédie, eux qui faisaient profession d'une sagesse si austère, et qui criaient sans cesse après les vices de leur siècle; elle nous fera voir qu'Aristote a consacré des veilles au théâtre, et s'est donné le soin de réduire en préceptes l'art de faire des comédies; elle nous apprendra que de ses plus grands hommes, et des premiers en dignité, ont fait gloire d'en composer eux-mêmes, qu'il y en a eu d'autres qui n'ont pas dédaigné de réciter en public celles qu'ils avaient composées, que la Grèce a fait pour cet art éclater son estime par les prix glorieux et par les superbes théâtres dont elle a voulu l'honorer, et que, dans Rome enfin, ce même art a reçu aussi des honneurs extraordinaires: je ne dis pas dans Rome débauchée, et sous la licence des empereurs, mais dans Rome disciplinée, sous la sagesse des consuls, et dans le temps de la vigueur de la vertu romaine.

jeudi 15 octobre 2009

Tatiana de Rosnay et l'absurde

Je n'en reviens pas, je découvre avec surprise les délires de l'administration dans cet article du Post. Ou plutôt, j'en reviens, je me doutais bien que des choses comme ça arrivent, mais souvent, on n'est pas au courant, ou bien, ça touche une personne inconnue et personne n'en parle.

Mais là, on voit que personne n'est épargné par ces vérifications absurdes de nationalité.

Et puis l'auteur du post dit un truc juste : si Tatiana de Rosnay n'est pas française, elle est de quelle nationalité ?

Et avec tout ça, elle ne peut assumer un déplacement professionnel aux Etats- Unis. On nage en plein délire.

Posted via web from beatan's posterous

Les Quadra, une étude

Une étude intéressante sur les quadra : .

Cinq profils de quadra : les compétiteurs, les bâtisseurs, les alternatifs, les libres arbitres, les cocooneurs.

 

Un récap très intéressant.

 

Posted via web from beatan's posterous

mardi 13 octobre 2009

Fichons les militants politiques !

Brice Hortefeux en est convaincu : une police mal préparée est d’abord une police mal renseignée. La preuve : sur les 18 personnes placées en garde à vue à Poitiers,. plus de la moitié n’était pas fichée.
Pire : pour le ministre, rien n’a permis d’anticiper l’ampleur des violences. Les manifestants étaient cinq fois plus nombreux que prévu, et surtout très bien organisés.

Le fichage actuel, à base de fiches en carton remplies à la main, est "obsolète", commente-t-on place Beauvau.
Le ministre entend donc moderniser le système, fustigeant au passage ceux qui se sont opposés au fichier Edvige (lire nos articles ci-dessous) . Même s’il ne s’agit pas de remettre dans les tuyaux ce projet controversé finalement abandonné.

Ce que souhaite Brice Hortefeux, c’est avant tout montrer son savoir-faire et son efficacité, quelques mois après son arrivée à l’Intérieur, un poste qu’il convoitait depuis longtemps.
Le ministre est prêt a assumer deux nouveaux fichiers, dont une version un peu édulcorée d’Edvige : les personnes appartenant à des bandes violentes y seront répertoriées, mais les orientations sexuelles des militants, par exemple, ne seront plus mentionnées...

Les fichiers pourraient entrer en vigueur par décret. Le ministère n’attend plus que le feu vert du Conseil d’Etat. Une manière d’éviter des débats houleux au Parlement, avec le risque que l’opposition qualifie de passage en force cette manière de faire.

Elodie Gueguen

Posted via web from beatan's posterous

Haro sur les hauts talons, par Virginie Malingre - LeMonde.fr

La guerre en Afghanistan vient de tuer son 221e soldat de sa Majesté. Le chômage s'envole, il pourrait bientôt toucher 3 millions de personnes. Les finances publiques du Royaume sont catastrophiques et la dette de l'Etat devrait représenter 80 % de la richesse nationale d'ici à 2014. Le Labour est au plus bas dans les sondages après treize ans de travaillisme.

Qu'importe ! Les syndicats britanniques ne se laisseront pas détourner de leur nouvelle mission : bannir les talons hauts au travail. Lors de son rendez-vous annuel, le 15 septembre, le Trade Union Congress (TUC), qui fédère la plupart d'entre eux, a voté une motion sous les applaudissements de la salle : "Les talons hauts sont glamour sur les podiums de Hollywood. Mais ils sont totalement inappropriés dans le monde du travail."

Ces employeurs qui obligeraient leurs salariées à marcher plusieurs centimètres au-dessus de la terre ont été hués. Et même si rien ne prouve à ce jour qu'elles soient effectivement contraintes de porter le talon haut, les hôtesses de l'air, les banquières de la City ou les vendeuses des magasins chics de Bond Street font désormais l'objet de toute la compassion syndicale britannique. D'autant qu'il y a là un combat féministe à mener, affirme le TUC, puisque les hommes, eux, sont chaussés à plat. La talonnette est bien autorisée, s'ils veulent se rehausser, mais la décision leur en incombe entièrement.

L'enjeu avait manifestement échappé à Gordon Brown qui, quelques minutes plus tôt, tentait d'expliquer aux partenaires sociaux de son pays que l'heure était aux "choix difficiles" et à la "réduction des dépenses publiques". Pour le premier ministre travailliste, il s'agissait de convaincre son auditoire du bien-fondé de sa démarche alors qu'une élection est prévue d'ici à mai 2010. Et d'éviter que les syndicats, qui financent le Labour à hauteur de 70 %, lui tournent le dos.

"Ce n'est pas un problème trivial", a soutenu Lorraine Jones, de la Société des pédicures et podologues, qui était là pour présenter les dangers de l'affaire. "Deux millions de journées de travail sont perdues chaque année à cause de problèmes aux pieds et aux membres inférieurs ", en grande partie à cause de ces satanés talons. Et d'énumérer les maux du genou, les cornes et les oignons sur les pieds... qui font perdre 300 millions de livres à l'économie britannique chaque année.

"Danger : les talons hauts au travail. Le débat est ouvert", titrait ironiquement en "une" le Times, le 16 septembre. Le quotidien conservateur, comme l'ensemble de ses concurrents, a volé au secours des talons hauts. "Courir en talons est une manière pour les femmes de se réaliser, le triomphe de la grâce sous pression", écrit sa collaboratrice Janice Turner. "Ils sont sexy et je les aime", avoue pour sa part David Mitchell dans l'Observer. "Porter des talons est l'une des grandes joies des femmes, juge Jenni Russel dans le Guardian. Ils font aussi partie de l'uniforme des femmes au travail. Ils disent : je suis une professionnelle." La journaliste estime que "c'est l'une des grandes erreurs de la gauche en Grande-Bretagne de penser qu'en éliminant les différences sexuelles le monde sera meilleur et plus égalitaire".

A Westminster, les créations de Jimmy Choo et autres chausseurs pour dames ont trouvé leur pasionaria. Nadine Dorries, députée tory, s'en explique sur son blog : "La Chambre des communes est dominée par les hommes. Et ces hommes sont des tueurs. Je mesure 5 foot 3 inches et j'ai besoin de chaque centimètre de mes Louboutin pour regarder mes collègues hommes dans les yeux." Avant de conclure : "Si les talons étaient interdits à Westminster, personne ne me verrait."

Il n'existe pas de statistiques sur le port de talons hauts en Grande-Bretagne ou ailleurs. Mais il ne fait aucun doute que les jeunes femmes britanniques en sont fans. Le samedi soir, à Londres ou ailleurs, on les voit déambuler, haut perchées, la démarche parfois mal assurée. Qu'il pleuve, qu'il vente, comme Purdey dans "Chapeau melon et bottes de cuir", elles mettent un point d'honneur à tenir debout.

Il est un signe de cet engouement britannique pour les talons hauts : la place que la presse leur accorde. C'est l'un de ses dadas, au même titre que les chats ou les écureuils. Le Guardian, depuis le début de l'année, a publié 148 articles qui mentionnent ces chaussures exclusivement féminines. En 2008, il y en a eu 183, pour 169 en 2007. A titre de comparaison, Le Monde, depuis neuf mois, les a évoquées dans... 15 papiers. Même le très sérieux Financial Times fait mieux.

Toute occasion est bonne à prendre. Le retour de congé maternité de Rachida Dati, ancienne ministre de la justice de Nicolas Sarkozy, en tailleur Dior et en talons hauts. Un procès contre une Anglaise qui a refusé d'ôter ses bottes à talons pour effectuer les travaux d'intérêt général auxquels elle avait été préalablement condamnée. Ou encore un manuel du savoir marcher haut perchée sans se faire mal. Le Guardian conseille à ses lectrices un Nurofen environ pour 10 cm de talon. Sans parler de l'enquête sur le terrain qu'a menée une journaliste du Financial Times, en prenant un cours de trois heures sur l'art et la manière de porter des talons sans danger. Et si le TUC demandait qu'il soit pris en charge par le National Health Service...

Courriel : malingre@lemonde.fr.

Virginie Malingre
Article paru dans l'édition du 13.10.09
Abonnez-vous au Monde à 17€/mois

Posted via web from beatan's posterous

Statosphere, backgrounds Twitter, Webnavets... Boite à outils #35 - Blog du modérateur : conseils, widgets et outils pour créer son blog emploi

boîte à outils

Posted via web from beatan's posterous

Isabelle Balkany: "Il n'y a pas de mobilisation sur le Web contre Jean Sarkozy!" - LePost.fr

Jean Sarkozy et Isabelle Balkany, le 19 juin 2009, à l'assemblee du Conseil des Hauts de Seine.
Jean Sarkozy et Isabelle Balkany, le 19 juin 2009, à l'assemblee du Conseil des Hauts de Seine.
MAXPPP

"Quoi que je dise, quoi que je fasse, je serai critiqué", a répondu Jean Sarkozy à ceux qui considèrent sa candidature à la tête de l'établissement public de La Défense, comme du favoritisme.

François Fillon est également venu ce mardi au secours du fils du chef de l'Etat en déclarant sur RTL que la "polémique est close", estimant même qu'il n'y a "pas pas lieu d'en faire une".

Sur le Web, la mobilisation contre le "parachutage" de Jean Sarkozy continue. La pétition qui demande au à Jean Sarkozy de "renoncer à postuler à la présidence de l'Epad", compte plus de 43.000 signatures ce mardi matin. Elle a été lancée jeudi après-midi par Christophe Grébert, blogueur et conseiller municipal (MoDem) de Puteaux.

Sur Le Post, la "marraine" de Jean Sarkozy en politique, Isabelle Balkany, qui est vice-présidente du conseil général des Hauts-de-Seine, contre-attaque. Elle accuse la gauche de "monter une polémique par semaine". "Après Mitterrand, au tour de Jean Sarkozy!", s'emporte-t-elle. Elle tacle sévèrement l'auteur de la pétition sur Internet. Et assure que Nicolas Sarkozy n'est pas gêné par cette affaire car "il a d'autres choses à penser".

Jean Sarkozy a reconnu avoir discuté de l'Epad avec son père, et l'a tenu au courant de son intitative. Savez-vous ce qu'ils se sont dit?
"Le chef de l'Etat ne se préoccupe de ce sujet. Il a d'autres choses à penser et à traîter. Notamment l'annonce de la réforme du lycée ce mardi matin..."

Nicolas Sarkozy n'est pas un peu gêné par l'ampleur de la polémique autour de son fils?
"Gêné? Mais gêné par quoi? Que son fils, qui a déjà été élu au suffrage universel, soit de nouveau élu? Ce n'est pas une nomination, c'est une élection. Il n'y a pas de rémunérations, pas d'avantages en nature... Par contre, il il y a beaucoup de travail."

Le chef de l'Etat pourrait quand même être un petit peu gêné qu'on le suspecte de favoriser l'ascension de son fils...
"Mais arrêtons avec cette histoire! Je le repète: ce n'est pas quelque chose que l'on donne à Jean Sarkozy puisqu'il va être élu! Qu'est-ce que vous voulez? Qu'il s'exile? Je ne comprends pas et je ne vois pas pourquoi il y aurait une polémique. Et je ne vois pas en quoi Jean Sarkozy serait illégitime. C'est un élu parmi les élus."

Pensez-vous qu'à travers cette polémique, l'opposition essaie d'atteindre le président de la République?
"Bien sûr! Les adversaires de Nicolas Sarkozy veulent le toucher à travers cette histoire. Comme la gauche n'a pas d'arguments, elle monte une polémique par semaine... Après Mitterrand, au tour de Jean Sarkozy! Cette manière de monter des polémiques n'est pas l'image de la France que je préfère... Pourtant, de notre côté, on ne s'en prend pas à Martine Aubry qui est la fille de Jacques Delors! [Le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre a pourtant avancé cet argument dès lundi, ndlr]"

Lundi, on a vu Frédéric Lefebvre, Xavier Bertrand et d'autres ténors de l'UMP monter au créneau pour défendre Jean Sarkozy. L'Elysée a-t-il donné des instructions?
"N'importe quoi! Je n'ai pas besoin d'instruction de l'Elysée ou de qui que ce soit pour défendre Jean Sarkozy. D'ailleurs, il n'y a même pas besoin de le défendre puisque il a été élu parmi les élus."

Jean Sarkozy se soucie-t-il de la pétition lancée par Christophe Grébert, qui prend de l'ampleur de jour en jour?
"Attendez, il faut remettre les choses à leur place. Christophe Grébert est un journaliste raté qui a fait quelques piges, avant de faire une fixation sur Puteaux et La Défense. Il faut arrêter de donner de l'importance à Grébert qui ne représente que lui-même. Cela fait quatre ans qu'il monte des blogs contre Joëlle Ceccaldi-Raynaud, l'actuelle maire UMP de Puteaux. Cela n'a servi à rien puisqu'elle a été élu maire de la ville en 2008. Il faut donc relativiser l'importance d'Internet..."

Justement, que pensez-vous de la mobilisation sur le Web contre la candidature de Jean Sarkozy à l'Epad?
"Mais il n'y a pas de mobilisation sur le Web contre Jean Sarkozy! Les gens qui critiquent sont par nature des opposants. Vous savez, il y a 50% de gens qui sont contre nous donc c'est normal qu'on les retrouve sur Internet, même s'ils sont surreprésentés. Après, il y a ceux qui bossent et qui ont quelque chose à faire et les autres, qui commentent... Nous, on bosse. Je ne nie pas l'intérêt et l'impact du Web mais il ne faut pas non plus transformer ce média en juge suprême contre le pouvoir. Christophe Grébert en est l'illustration suprême."


Une faute d'orthographe, de grammaire, une erreur à signaler? Ecrivez à politique@lepost.fr avec votre correction et en indiquant l'url du post.

Jean Sarkozy

Posted via web from beatan's posterous

Le blogueur influent est-il si important et “powerful”? mythe ou réalité? | Buzzmygeek

Le blogueur influent est-il si important et “powerful”? mythe ou réalité?

Posted on 13. Oct, 2009 by chandleyr in Cinema

Les blogueurs ont-ils un pouvoir si grand que cela ?…La question au final est simple en avons nous tant que cela? Oui et non si l’on écoute ce qui certaines agences disent. Mais si l’on y réfléchit bien le doute peut parfois s’insinuer dans l’esprit de chacun. C’est vrai après tout difficile d’évaluer son vrai « potentiel » d’influence ou force de persuasion quand on débute. Le piège est de se prendre au sérieux trop rapidement et de ne pas voir les limites pourtant assez évidentes de la valse en plusieurs temps que l’on vient de commencer. Les agences, les clients ont besoin des blogueurs, les cadeaux pleuvent, la brosse à reluire qui va de pair aussi. On y prend goût et paf avant même que notre cerveau ne se remette en état de marche, on se rend compte que l’on est tombé dans le panneau. On se prend pour plus important que l’on n’est…

Il ne faut pas non plus voir le mal partout. Sur ce cas précis la faute est un peu dans les deux camps. Des agences qui abusent de la crédulité de certains et de ces derniers qui prenant goût a certains « bonus » facile et les acceptent passivement. Le blogueur si l’on regarde ce qui se fait de l’autre côté de l’atlantique est le nouveau moyen en or de communication pour les marques (ok le marché est différent d’avec la France, mais bon…) Non le blogueur même avec beaucoup de bonnes volontés peut facilement tomber dans le panneau de la facilité et dire oui à l’avalanche de passe droit qu’on lui offre. Le hic est de savoir si en bout de courses le fameux ROI qu’une marque attend va vraiment arriver. Il se joue en deux temps, nouer une relation sur le long terme avec certains blogueurs et pouvoir occuper un terrain (et la population qui va avec) le moment venu Ou bien de façon plus terre à terre répondre à un besoin de publicité immédiate…

Dans un cas comme dans l’autre c’est à partir de là que le vrai pouvoir de persuasion du blogueur rentre en marche ainsi que certains de ses défauts, inhérent à son statut de non pro d’ailleurs. Que ce soit pour un test produit, une critique de livres, une critique de films. Pour une dizaines qui auront peut-être un impact, combien vont tirer a blanc en fait ?. Baser son buzz sur des non pros est un peu comme une partie de roulette russe. On ne sait jamais vraiment ce qui va sortir en bout de course. Quand je dis cela je suis aussi dans le lot des “doutes”, car pour être honnête c’est une question que je me pose souvent. Que ce soit « commercialement » ou simplement en recommandant de son plein gré un film, on cherche tous à influencer. La différence se joue dans le niveau de sincérité que l’on y place. C’est peut-être ici que les avis vont diverger, mais pourtant la question de fin de parcours reste la même quel est au final notre vrai impact sur le public ?.

Difficile de s’évaluer soi-même, combien un de nos articles va-t-il « faire » d’entrées pour une critique de films, de ventes pour un cd ou un jeux… Les marques sont de plus en plus friand des blogueurs, mais les vrais gens sont ils au final client de la parole des blogueurs. Les lirent ne veut pas forcément dire gober chacun de leurs coups de coeur et critiques. Je ne pense pas avoir la moindre influence sur l’esprit de qui que ce soit quand je conseille un film ou parle d’un livre…et c’est peut-être la meilleure solution. Pourquoi ? Car je me dis que si j’avais une vraie évaluation (impact sur vente dirons nous) de ce qu’une grosse critique ciné ou autre faites par moi (par ex) à comme impact sur l’esprit d’un lecteur attendant ce film en particulier, peut-être serais-je bon pour une grosse déception. Une du genre que beaucoup de blogueurs au fond de leur tête cherchent à éviter. L’évidence menant vers l’affreuse vérité. Celle qui dit qu’en dehors d’un cercle d’initiés parfois pas si grand, notre influence est peut-être vraiment moins grande qu’on ne le pense ?

Tags: , , , , , , ,

blogueur

Posted via web from beatan's posterous

Dans le maquis du système de santé américain - SANTE POLITIQUE SOCIALE PROTECTION SOCIALE

Imprimer l'article

Partager :

Viadeo

Dans le maquis du système de santé américain

[ 13/10/09  ]

La commission des Finances du Sénat américain doit se prononcer aujourd'hui sur le projet de réforme du système de santé voulu par Barack Obama. Le débat est des plus épineux face aux toutes-puissantes compagnies d'assurances qui dominent un marché extraordinairement complexe, où les résiliations brutales de contrat et les refus de remboursement se multiplient.

LAETITIA MAILHES, Les Echos
 NOTRE CORRESPONDANTE à SAN FRANCISCO.

Guy Saperstein, un avocat de Berkeley, évoque en souriant son « aventure avec la médecine », une erreur médicale qui l'a conduit l'an dernier au seuil du trépas. « Le séjour prolongé à l'hôpital et les mois de soins à domicile ont coûté 2 millions de dollars, mais je n'ai pas dépensé un centime », se réjouit-il en racontant une banale opération de la prostate transformée en septicémie avec insuffisance rénale. Guy Saperstein a de la chance : âgé de plus de soixante-cinq ans, il a pu bénéficier de Medicare, le programme de prise en charge réservé aux personnes âgées, handicapées ou atteintes d'insuffisance rénale en phase terminale, seul système public national de couverture santé avec Medicaid, qui s'adresse aux plus démunis. Le programme a une réputation telle que certains, à l'instar de l'ancien sénateur et candidat malheureux à la Maison-Blanche George McGovern, aimeraient le voir étendu à l'ensemble de la population américaine. « Je veux que chaque Américain, du berceau à la tombe, bénéficie du type de couverture santé dont je jouis aujourd'hui », écrivait récemment cette figure du Parti démocrate dans une tribune publiée dans le « Washington Post » et intitulée : « C'est simple : Medicare pour tous ».

Un voeu pieux. Le projet de réforme du système de santé porté par le président Obama, et sur lequel doit se prononcer aujourd'hui la commission des Finances du Sénat, n'ira pas jusque-là. Une révolution de cet ordre reviendrait en effet à marginaliser les toutes-puissantes compagnies d'assurance-santé, intermédiaires incontournables entre les patients et le corps médical outre-Atlantique. Proprement inimaginable à ce stade. En fait de système, la santé aux Etats-Unis est avant tout une affaire de marché. Un marché extraordinairement complexe et disparate, réglementé Etat par Etat. Un marécage de clauses, conditions et critères au sein duquel les individus ont souvent du mal à se repérer, mais qui fait le bonheur d'une profession florissante, celle des courtiers d'assurance-santé.

Franchise de 4.000 dollars

« J'ai embauché mon courtier en 2000, lorsque mon divorce m'a obligée à chercher une nouvelle police d'assurance. J'étais considérée à “ haut risque ” en raison d'un cancer du rein diagnostiqué moins de cinq ans auparavant, et personne n'était prêt à m'assurer »,raconte Nelly Reyes, une conseillère légale en immigration, qui travaille en libéral et bénéficiait jusqu'alors de la couverture fournie par l'employeur de son mari.

Le courtier l'a aidée à faire jouer en sa faveur une réglementation californienne qui oblige les assureurs à offrir une police d'assurance aux petites entreprises comptant au moins un employé à plein-temps et un employé à temps partiel, sans pouvoir discriminer en fonction des antécédents médicaux. « J'ai embauché une assistante à mi-temps, et le tour a été joué pour environ 500 dollars pour nous deux », poursuit Nelly Reyes. En août dernier, elle a fêté ses cinquante ans, et le montant mensuel de sa prime d'assurance a progressé simultanément de 14 %. « Ca va progresser comme ça chaque année, et à soixante ans, je peux m'attendre au pire », s'inquiète-t-elle. Atteinte il y a deux ans d'un nouveau cancer - de la thyroïde cette fois -, elle a assisté depuis à l'augmentation de sa franchise annuelle de 2.500 à 4.000 dollars : en clair, son assurance ne rembourse les frais à 100 % qu'une fois ce seuil dépassé. Dans ces conditions, Nelly Reyes estime que ses dépenses de santé représentent aujourd'hui 25 % de son revenu annuel brut. Et son cas est loin d'être une exception.

Licenciée fin juillet par un gros établissement financier, Maria Palmer a appris le même jour que son emploi et sa couverture santé étaient instantanément suspendus. Un cancer diagnostiqué en début d'année et une fracture de fatigue du tibia exigeaient néanmoins des soins continus. Moyennant 700 dollars par mois, soit un tarif largement supérieur à ce qu'elle versait auparavant, mais sensiblement inférieur à ce qu'elle aurait pu négocier pour une police d'assurance individuelle, elle a été en mesure de conserver la même couverture grâce à un dispositif protégeant ceux qui viennent de perdre leur emploi pendant dix-huit mois. Grâce à la loi fédérale sur le plan de relance, Maria Palmer va, en outre, bénéficier pendant neuf mois d'un tarif préférentiel de 220 dollars par mois. « J'espère retrouver un emploi d'ici là, sinon je serai obligée de vendre mon appartement »,confie-t-elle. En attendant, elle est tenue d'avancer l'argent pour tous les soins qu'elle reçoit, puis demande leur remboursement en remplissant un formulaire pour chaque acte.

Flambée des tarifs

Les tarifs imposés aux assurés suivent une courbe largement supérieure à celle de l'inflation. Au cours de la décennie passée, ils ont gonflé de 90 % à 150 % selon les Etats, tandis que les salaires et les prix à la consommation ont augmenté respectivement de 38 % et 28 %, selon le Conseil économique national de la Maison-Blanche.

Parallèlement, en dépit des initiatives prises à Washington ou au niveau des Etats pour changer leurs pratiques, les compagnies d'assurances ont toute latitude pour mettre brutalement un terme au contrat d'un client ou pour en modifier les termes. Dénoncés par Michael Moore dans son film « Sicko », les abus perpétrés par les sociétés d'assurances pour réduire leurs dépenses et maximiser leurs profits (15,9 milliards de dollars en 2008 pour les 18 plus gros acteurs du marché) ont attiré ces dernières semaines l'attention des élus. En Californie, le procureur général, Jerry Brown,a ainsi ouvert le mois dernier une enquête sur les agissements des six plus gros assureurs locaux, après que l'association des infirmières de l'Etat eut publié une étude révélant qu'ils ont refusé d'honorer 22 % des requêtes de leurs clients entre 2002 et le 30 juin 2009. Au premier semestre 2009, PacifiCare, Cigna, Kaiser et Blue Cross ont refusé de payer respectivement dans 40 %, 33 %, 28,3 % et 28 % des cas.

En outre, rares sont les assureurs qui répondent à la demande d'une partie croissante du public pour les médecines dites alternatives. En Californie, où elles foisonnent, nombreux sont les individus qui choisissent de payer de leur poche ces types de soins. « Je suis très heureuse aujourd'hui de pouvoir marcher, parler et fonctionner normalement. Mais parce que j'ai refusé les traitements classiques et les interventions chirurgicales qu'on me proposait, j'ai dû aller chercher des réponses ailleurs,témoigne Barbara Martin, une jeune fonctionnaire marquée par une rare succession d'attaques cardiaques et cérébrales à l'origine incertaine. J'ai fini par dépenser 10.000 dollars de ma poche en massages lymphatiques, acupuncture, séances de chiropractie, etc. »

Si, malgré tout, une majorité d'Américains continue à se dire satisfaite du système actuel, face à la flambée des prix et à la dégradation simultanée des services, un nombre croissant de personnes choisissent de ne pas investir dans une assurance-santé. Un pari sur l'avenir, pour ne pas mettre le doigt dans l'engrenage des assureurs. Sur les 47 millions d'Américains (soit 16 % de la population) qui ne sont pas couverts au moins durant une période de l'année, un tiers vivent dans des foyers gagnant plus de 50.000 dollars par an. Et quelque 15 % affichent même des revenus annuels supérieurs à 75.000 dollars !

Projets pilotes

Les hommes politiques dénoncent de longue date le coût de ces non-assurés pour le contribuable. Selon eux, ils évitent en effet les visites de routine chez le médecin, mais, en cas de crise, se présentent aux services d'urgence, qui n'ont pas le droit de les renvoyer sans soins. D'ailleurs, les pouvoirs locaux n'ont pas attendu une réforme hypothétique à Washington pour chercher des solutions.

L'an dernier, le gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger, a échoué à faire passer une réforme qui prévoyait une couverture obligatoire pour tous. Mais deux projets pilotes dans le pays sont perçus comme les signes précurseurs d'une possible réforme du système de santé. Ainsi, depuis janvier 2008, la municipalité de San Francisco offre aux non-assurés une infrastructure qui garantit à ses usagers des soins préventifs et courants dans 27 cliniques et hôpitaux de la ville, et ce, quels que soient leur situation professionnelle, leurs antécédents médicaux ou leur origine géographique. Les employeurs sont contraints d'offrir une couverture santé ou de cotiser au programme. Contrairement aux craintes de certains, ni l'emploi ni le nombre d'entreprises n'ont diminué. Le coût du dispositif, inférieur au budget prévisionnel, a conduit les autorités à élargir le programme aux personnes dont le niveau de vie atteint jusqu'à cinq fois le seuil fédéral de pauvreté. Les trois quarts des non-assurés de la ville sont désormais inscrits. Autre initiative prometteuse : l'Etat du Massachusetts a instauré en 2006 une couverture santé obligatoire pour tous, sous peine d'amendes infligées aux employeurs et aux individus. Trois ans plus tard, 97 % de ses résidents sont assurés et 59 % de l'opinion reste favorable à la loi.

Imprimer l'article

Partager :

Viadeo

Pour aller plus loin
SANTE
'; var fin_bloc='
SANTE

POLITIQUE SOCIALE
'; var fin_bloc='
POLITIQUE SOCIALE

PROTECTION SOCIALE
'; var fin_bloc='
PROTECTION SOCIALE

Les Echos Conférences

ECONOMIE SANTE 2009

Le rendez-vous annuel des décideurs de la santé

Mercredi 18 et jeudi 19 novembre 2009 - Palais des Congrès de Paris
Tarif : 1150€ HT soit 1375.40€ TTC

En savoir plus

Les Echos Formation

Les Echos Editions

Le GUIDE des chasseurs de têtes et des cabinets de recrutement

Publié le 22 octobre 2007 par Les Echos Editions - Pearson Village Mondial
Tarif : 45€
Auteur : Philippe Haustête

L'Instrument de votre réussite, que vous soyez candidat ou recruteur.

> Lire l'article de Philippe Haustête "De l'art d'utiliser un chasseur de tête" publié dans la revue des diplômés d'HEC - janvier 2008

En savoir plus

Usa, Santé

Posted via web from beatan's posterous